Entretien avec François Barbier

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Ganathain
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Entretien avec François Barbier

Message par Ganathain »

En parcourant le post de notre ami Ecrivain je viens de m'apercevoir que je n'avais pas poste ici le petit résumé de ma rencontre avec François Barbier que certains connaissent ici et qui a été le propriétaire de ma 203 pendant quelques années.

Donc je vais réparer cette boulette de suite comme celà notre ami Ecrivain n'aura pas besoin d'aller courir sur un autre forum pour voir ce que j'avais écrit :chiourme

On s'était déjà rencontrés il y a 2 ans à Epoqu'auto et on avait brièvement discuté notamment de ma future ex-voiture dont il semblait avoir conservé des souvenirs assez précis ainsi que ... peut-être le double des clés !

Pour mémoire, Barbier c'est entre autres çà (même si selon lui l'article contient quelques erreurs ...).
http://gazoline.net/article2.php?id_article=1535

J'ai donc rencontré François Barbier le 8 juin dernier à son domicile lyonnais. Il m'a accordé 1h et m'a ouvert 4 albums photos blindés d'originaux dont certains uniques. Le septuagénaire est alerte, un grand amateur de vélo.

On évoque d'abord rapidement ma voiture. Il n'a pas retrouvé le double des clés qu'il pensait avoir dans un coin, mais m'avoue ne pas avoir trop cherché. Il garde mes coordonnées, on ne sait jamais.

Concernant ma voiture, il me confirme d'abord que c'est bien lui qui l'a vendue neuve. Il la récupère à 42000 km et alors que je pensais qu'elle avait été conservée comme mulet pour la concession de son père il me confirme qu'il l'a lui-même reprise pour ses besoins personnels. La retouche de peinture sur le capot que je croyais bien plus récente date en fait des 1ères années de la voiture, il se souvient bien de ce choc et de sa réparation !

Mais quand je l'interroge sur les accessoires AR de la voiture, son tour de plaque et ces 2 baguettes de protection sur les ailes il esquisse un sourire : le tour de plaque était assez courant à l'époque, dispo en accessoire. en revanche les 2 moustaches sur les ailes sont rarissimes ... c'est son père, contrarié de voir ses Clients revenir régulièrement avec des ailes bigornées, qui fait fabriquer ces petits accessoires à quelques exemplaires. Et j'ai testé, je confirme, très efficace ! Bon par contre, pas de modifications sur ce moteur, je m'en serais aperçu de toutes façons ...

On est ensuite partis sur l'histoire de l'entreprise Barbier et la compétition. D'entrée il met les points sur les "i" par rapport à l'article de Gazoline de l'an dernier sur le tank Barbier. Le journaliste n'a quasiment pas pris de notes mais bcp de photos. Du coup l'article est truffé d'inexactitudes, notamment sur les commentaires des photos. Par ailleurs, malgré toutes les photos prises, le journaliste le rappelle, tout penaud, quelques jours plus tard : "mon patron m'a engueulé car je n'ai pas pris de photos du tank sur la route" ... du coup François Barbier demande à un ami de faire les photos demandées ...

• Au démarrage Paul Barbier est menuisier et construit des carrosseries bois sur des bases Berliet. Le 1er garage Barbier est d’ailleurs estampillé Berliet avant de basculer Peugeot après guerre. A l’époque les voitures sont livrées chassis/mécanique, parfois avec un capot, c’est le carrossier qui habille selon la volonté du Client. Il me montre les 1er hard-tops !
• Après guerre Paul Barbier touche les toutes 1ères 203 sorties de Sochaux
• Très vite il signale un problème à Peugeot : malgré tous les essais il décèle une faiblesse de l’arbre de transmission qui sera modifié de suite par Peugeot. Pourtant pas d’utilisation sportive selon lui, juste un coup de 1ère et l’arbre cassé net.
• 15 jours après la réception il en a déjà dépecé une et la prépare pour la course car à l’époque les véhicules de compétition sont inexistants : il passe une berline en 1500 + compresseur + 4 en 1 + barre stab.
• A cette époque la concession fait déjà jusqu'à 3 ou 4 transformations moteur par semaine !!!
• Plusieurs courses comme çà puis il commence à découper … çà finit en cabriolet au chassis renforcé puis en coupé top chopé. Mais il rêve d’autre chose ...
• A partir d’une berline accidentée il prépare une base chassis moteur boîte pont avec des longerons doublés (empilés et soudés) sur les côtés et fait venir Roger Tunesi. Il a besoin très vite d’une carrosserie pour des courses de côte car à l’époque il se fait damer le pion par les Osca (Maserati vient de couler mais refait immédiatement surface sous la marque OSCA) et Ferrari. Cà l’énerve un peu … Donc il demande à Tunesi de simplement et très vite recouvrir son proto avec de l’alu, très basique. « Oui Monsieur qu’il lui répond ».
• Roger Tunesi revient très vite avec une autre proposition et des croquis à main levée : la fameuse barquette exposée il y a 2 ans à Epoqu’auto est née.
• Une 1ère maquette grandeur nature est réalisée à partir de fers type fers à béton autour du chassis monté avec sa mécanique.
• F.Barbier fait modifier quelques détails, notamment à l’arrière où une malle était prévue.
• Malgré des longerons doublés des renforts sont ajoutés sous la voiture, on les distingue sur certains clichés de côté, juste après les roues AV. Il n'existe malheureusement aucune photo de la construction de ce proto, uniquement le produit fini.
• Le bossage sur le capot n’apparaît qu’un peu plus tard quand le compresseur est monté car il faut alors un radiateur bien plus gros pour avaler la différence de température générée par les tours pris par le moteur.

Aller, je parle, je parle, vous préférez sans doute quelques photos ... quoique certains dessins ont plus de valeur que certaines photos :D

François Barbier fait défiler les 1ères photos de la saga familiale, cette berline découpée et finalement montée en coupé. Et puis, négligemment il tourne la page et là coup de massue ... sur 3 pages les croquis originaux de Roger Tunesi présentés à son père !!! Tout à main levée, avec des côtes, des détails, des annotations ... une merveille, je suis sur le c.. !

Roger Tunesi lui-même détaille le mode opératoire pour ajuster la carrosserie et la position du pilote, et comment il va simuler les volumes de la carrosserie avec un treillage métallique
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Il estime à 45kgs le poids total de la carrosserie en Dural avec sa structure tubulure. On distingue bien à l'arrière la malle prévue par RT et biffée suite au refus de Paul Barbier ! Inutile à ses yeux. La signature de Roger Tunesi est bien visible.
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Détails sur la fixation du tableau de bord et la face avant. On voit bien le doublement des longerons. Aussi simple qu'efficace !
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• Le 06/06/55 FB bat pour la 1ère fois Jean Guichet à Serrières (Jean Guichet c’est 13 participations au Mans entre 56 et 75) sur une Ferrari 2 litres d’usine. Pour l’anecdote çà se passe en 2 manches : Barbier allume Guichet dès la 1ère spéciale qu’il emporte. Guichet très vexé s’arrache et gagne la seconde. Mais le classement se faisant en temps cumulé sur les 2 épreuves, Barbier est déclaré vainqueur. Guichet est TRES contrarié, il avance que le revêtement est mauvais etc… et lui donne RDV sur ses terres à Gineste en 56. Mais Barbier lui en remet une couche à domicile, la légende est née.
• Entre-temps participation de la Barquette aux 24h de Montlhéry en 55 : au passage il m’explique le fameux trou entre la 1ère et la 2nde : en fait la 1ère était celle utilisée sur les utilitaires, d’où le fait qu’elle était très courte. Pas gênant en course de côte mais pas possible en circuit. Donc la barquette passe en boîte longue, une boîte spéciale. Autre soucis : la vitesse très élevée fait soulever le capot. Tunesi est présent et intervient de suite : il découpe direct le capot et fait 2 ouies à l’avant droit de la voiture. C’est mieux mais pas suffisant. Tunesi est toujours là, alors il récupère on ne sait ou une plaque d’alu et il la façonne très rapidement pour réduire l’ouverture de la calandre. Quelques rivets et go ! Cette fois c’est la bonne.
• En 56 la voiture participe à des courses d’hiver et cette année-là est particulièrement froide. C’est aussi l’apparition des pneus cloutés mais la voiture n’est pas assez lourde à l’arrière (comme sur les voitures de série d’ailleurs) et l’équipage galère. Pas longtemps, ils s’arrêtent au bord de la route en pleine spéciale et … chargent la voiture avec le sable utilisé par l’organisation pour améliorer l’adhérence de la route.
• Décès de PB en 56 pendant un essai avec un Client. Il attaque un peu fort et perd le contrôle. A cette époque FB n’a pas encore le permis, il se retrouve avec la voiture et la vend. Pas de nouvelles pendant plusieurs années jusqu’à ce qu’on lui rapporte que la voiture a fini écrasée contre un poteau en course. A priori fin de l’histoire sauf qu’un ami de son père retrouve par hasard la trace de la voiture vers Mougins (06). Au détour d’une conversation avec le tenancier d’un musée qui n’existe plus aujourd’hui çà discute compétition et là son ami indique qu’il connaît François Barbier. Et le gars lui répond : « il y a une Barbier dans le coin » mais je ne dirai qu’à FB où elle est. Ni une ni 2 FB descend sur Marseille et retrouve sa voiture. Elle est rouge (après être passée par d’autres couleurs …), se retrouve avec des sièges d’Alfa Romeo et a été victime du tuning de l’époque, des baguettes chromées un peu partout. Bien que recouverte de poussière le type ne veut pas la lâcher. « Je vais la redémarrer ! » .
• Pendant plus de 2 ans FB relance le gars régulièrement sans succès. Mais un beau jour c’est lui qui l’appelle : « Trouver moi un cab 504 (ou un coupé je sais plus) et on fait l’échange ». Forcément le plus gros concessionnaire Peugeot du sud lyonnais trouve sans mal et récupère définitivement la voiture de son père. Remise en config d’origine sauf qq détails moteur elle roule tous les 15 jours et se porte très bien !

Quelques clichés historiques originaux que F.Barbier a eut la gentillesse de me laisser photographier

C'est la toute 1ère sortie de la voiture à Vienne, devant le garage Barbier. On reconnaît bien le pont sur le Rhône, toujours existant.
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Les fameux 24h de Paris dont je parle plus haut. On voit nettement la retouche de la calandre par Tunesi, on devine aussi les 2 ouies faites sur le capot pour le même motif. seuls ceux qui suivent comprendront pourquoi ces modifs ! A noter que la voiture qui est derrière est aussi une 203. Bon, un peu modifiée niveau carrosserie mais la mécanique est bien une base 203.
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De + près ...
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Hiver 56 apparition des pneus cloutés en compétition de ce niveau. C'est dans cette course que Paul Barbier va remplir sa barquette de sable ramassé au bord de la route pour lester l'arrière de la voiture. On connaît tous la très bonne adhérence de nos caisses sur neige ... mais là vu le rapport poids/puissance no comment ...
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Aller, petit flaschback sur la construction de la barquette. Comme je l'ai dit il n'existe pas de photos de la constrcution proprement dite. Ce qui suit sont les 1ères photos du proto termine, prise dans le garage Barbier à Vienne.
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On voit nettement sous la voiture, juste après les roues AV, les renforts de longerons qui ont été soudés. Je rapelle que les longerons sont déjà doublés ...
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Fast as a shark ...
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Paul Barbier dans son engin, terminé et paré pour la course
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Voilà le compte rendu complet de ma rencontre. Je reste en contact avec lui, en espérant qu'il me rapelle dans quelques temps pour me dire qu'il a retrouvé mes clés !
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par NicosFly203 »

Très sympa ce compte-rendu de ta visite avec M. Barbier, en plus avec des photos inédites :positiv
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par dany403pickup »

sympa gerard :positiv
deux 403 mieux qu un 806 lol!!!!
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Bellotte
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par Bellotte »

Encore un beau récit.
Merci Gerard.
On en apprend en ce moment. =D>
Bellotte ou Joël avec sa 203C de 57 venant de son grand-père
Le Blog de la rouge vendue https://peugeot203de1949.blogspot.com/
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Tony56
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par Tony56 »

Une bien belle histoire comme on aimerait en lire lus souvent.*
Merci pour ce récit et les photos qui vont bien.
A force de prendre le chemin de peut-être,
on finit dans la ruelle de jamais.
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peugeot203de59
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par peugeot203de59 »

Sympa :positiv
Peugeot 203C de 1959
Peugeot 404 berline super luxe de 1967
Peugeot 504 pick-up
Peugeot 406 coupé de 1998
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damienb
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par damienb »

J'adore!!!! super histoire,j'ai un gros faible pour les 203 en compétition. bravo
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Philip
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Re: Entretien avec François Barbier

Message par Philip »

Bien que j'avais déjà lu tout ça ailleurs, encore bravo et merci pour ce récit. :positiv
Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît.
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